"Ce
rituel tant attendu s'est transformé en farce. Une incroyable entrave qui
risque de nous empêcher d'agir contre le démon", s'écrie au
sujet du nouveau rituel de l'exorcisme, Don Gabriele Amorth, 76 ans, dans
une passionnante interview qui vient de paraître dans 30 jours en
traduction française (6 juin 2001).
Qui est le Père Amorth ? L'exorciste du diocèse de Rome depuis 1986 et
le fondateur et président d'honneur de l'Association internationale des
exorcistes. Il précise : "Les prières efficaces, des prières
qui avaient 12 siècles d'existence, ont été supprimées et ont été
remplacées par de nouvelles prières inefficaces".
En effet, l'ancien rituel de l'exorcisme date de 1614 et était la
réalisation de la demande du Christ à ses disciples de prêcher et de
chasser les démons (Marc 3, 14-15. Mt 10, 18, Luc 9, 1), ce pourquoi le
Sauveur leur donne "un pouvoir sur les esprits impurs" (Marc 6,
7-13). Le rituel était impératif, il commandait, au nom de Dieu à Satan
et, comme celui-ci est légion (Marc 5, 9), l'exorciste lui demandait
d'abord de dire combien ils étaient et de donner leurs noms (Lucifer,
Asmodée, Mammon...) afin de les combattre plus efficacement. Aussi le
rituel de 1614, commençait-il ainsi : "Je t'enjoins, qui que tu
sois, esprit immonde, ainsi qu'à tous tes associés, vous qui possédez
ce serviteur de Dieu, par les mystères de l'Incarnation, de la Passion,
de la Résurrection et de l'Ascension de N.S.J.C.... Je t'enjoins de dire
ton nom..." et terminait ainsi : "Si tu as trompé
l'homme, tu ne pourras pas te jouer de Dieu... Il te chasse, celui dont la
jouissance tient en sa dépendance la totalité de ce qui existe. Il te
rejette dehors, celui qui pour toi et tes anges a préparé l'éternelle
géhenne... Celui qui doit venir juger les vivants et les morts et le
siècle par le feu".
Depuis 1972, les ordres mineurs avant l'ordination ayant été supprimés,
celui d'exorciste l'est également. Alors que d'après le Canon 1172 du
Nouveau Droit Canon, l'exorcisme doit être réalisé soit par l'évêque
soit par un prêtre à qui il délègue ses pouvoirs. Il n'y a qu'un
seul évêque exorciste. C'est Mgr Millingo, ex-archevêque de Lusaka
(Zambie), qui vient, sur ordre du Vatican, de se séparer de sa femme
(mariage béni par Moon) et qui est "un des plus efficaces
exorcistes" affirme Don Amorth dans l'interview de 30 jours.
En pratique, chaque évêque est supposé nommer un exorciste pour son
diocèse (mais il n'y en aucun exorciste en Allemagne, en Suisse, au
Portugal...) mais, dit Don Amorth "sur une centaine d'exorcistes
français, il n'y en a que cinq qui croient au diable et font des
exorcismes, tous les autres envoient ceux qui s'adressent à eux au
psychiatre".
Ainsi le Père Maurice Bellot, nommé exorciste à Paris, à l'accueil
de St Irénée, près de Notre-Dame (8, rue Gît-le-Coeur, 6ème), est
entouré d'une équipe de douze personnes, prêtres, religieuses et
laïcs. Il affirme n'avoir jamais pratiqué le grand exorcisme et se
contente, lui et son équipe, composée de médecins, psychologues et
psychiatres, d'écouter le patient et de "dialoguer" avec lui.
Il y a actuellement trois principaux obstacles à l'efficacité de
l'exorcisme : le premier est la non croyance au démon comme un esprit
personnel, réel, qui a une foule de mauvais anges à son service : "Il
fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé
le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fut précipité
sur la terre et ses anges furent précipités avec lui" (AP. XII,3-4).
Alors que les bons anges sont au ciel, les mauvais anges, en effet, ceux
qui ont refusé l'Incarnation du Christ (AP. XII, 2-4) sont sur la terre
et rôdent autour des âmes afin de les pousser, elles aussi, à la
révolte contre Dieu, car alors que Dieu est Amour, Satan est Haine.
Le deuxième obstacle, conséquence de la non croyance en Satan (dont
on fait un simple symbole, une personnification du mal) est la non
croyance en l'enfer, alors que Notre Seigneur en a parlé 67 fois dans
les Evangiles ! Pourquoi chercher à libérer les âmes si l'âme (mot qui
n'est plus nulle part dans la nouvelle liturgie et la nouvelle doctrine),
le démon et l'enfer n'existent pas, ce qui ôte le péché originel, et
la Rédemption ?
Et le troisième obstacle vient du contenu du nouveau rituel. Il
commence par un long préambule théorique puis, après avoir insisté sur
le fait que la plupart des fidèles se croient l'objet de maléfices et
nécessitent donc une aide psychologique et psychiatrique, le "rite
à suivre" est enfin indiqué. Il ne s'agit que d'aspersions d'eau
bénite, de litanies des saints, de psaumes, de lectures de l'Evangile et
du Credo et enfin une imposition des mains avec une formule déprécative,
qui s'adresse à Dieu et, si elle ne suffit pas, une formule impérative
où l'exorciste adjure le démon de quitter la personne tourmentée (le
rituel n'ose dire le mot "possédée" et les formules sont bien
plus faibles que dans l'ancien rituel).
Face à l'ancien rituel qui donnait des ordres au démon, on comprend que
ce nouveau rituel, complaisant envers l'Adversaire, soit inefficace. Le
rituel était resté inchangé depuis 1614 à part d'infimes retouches en
1926 et 1952 ; le 4 juin 1990, la Congrégation du Culte Divin envoya aux
présidents des Conférences Episcopales le rituel "ad interim",
à expérimenter. Ce rituel fut refusé par les exorcistes qui n'avaient
même pas été consultés. Et le 15 mais 2001, la traduction italienne du
nouvel exorcisme publié en latin le 22 novembre 1988, a été approuvé
par la Conférence Episcopale Italienne. Ce rituel n'attend plus que
l'approbation de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements.
Les critiques de Don
Amorth
Pour les auteurs de ce nouveau rituel, l'exorcisme doit être extrêmement
rare et n'avoir lieu que dans les cas où on est sûr qu'il s'agit de
possession. Or Don Amorth avait montré dans ses deux livres précédents
(1) qu'au contraire "bon nombre de soi-disant malades psychiques
étaient en réalité des possédés" (dans un exorciste raconte)
qu'on parvenait à guérir après un ou plusieurs exorcismes.
Et surtout, que la plupart du temps, ce n'est qu'avec l'exorcisme que le
prêtre se rend compte si le patient est tenté, obsédé, infesté (le
démon agit de
l'extérieur sur lui) |
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ou possédé (le démon habite l'âme, sauf sa fine
pointe que Dieu laisse libre). "La certitude que le démon est
présent chez quelqu'un, on ne peut l'avoir qu'en faisant
l'exorcisme" explique Don Amorth dans l'entretien. Il précisait
déjà dans son livre : "Le fait que les trois signes définis par
le Rituel comme les symptômes de la possession, à savoir : parler des
langues inconnues, posséder une force surhumaine et connaître des
choses cachées, se soient toujours manifestées pendant et jamais avant les exorcismes pratiqués
par moi-même ou les exorcistes que j'ai consultés, est
révélateur".
Or 90% des cas de possession, observe Don
Amorth, dans 30 Jours de juin 2001, ont pour cause des
maléfices et pourtant le nouveau rituel interdit de pratiquer des
exorcismes dans ces cas-là.
Don Amorth réprouve également le fait que le nouveau rituel ne soit pas
l'oeuvre d'exorcistes "qui n'ont jamais été consultés",
mais de deux commissions de cardinaux. Elles n'ont pas, dit-il "la
moindre idée de ce qu'est un exorcisme" : l'une s'est occupée
des "Prénotanda", c'est-à-dire des disposition
initiales et l'autre, des prières. Don Amorth a réuni dix-huit
exorcistes "choisis parmi les plus experts de la planète",
pour étudier ce nouveau rituel. Il a loué la première partie,
théorique et biblique "sur les fondements évangéliques de
l'exorcisme", inutile en 1614, car tout le monde les connaissait,
mais qui, dit-il, s'avère indispensable à notre époque. Par contre, la
seconde partie, d'ordre pratique, montre, affirme Don Amorth, "l'inexpérience
totale" de ses rédacteurs. Des observations minutieuses, article
par article, ont été envoyées à la Congrégation pour le Culte et la
Foi, aux conférences épiscopales, et naturellement, à Jean-Paul II.
Mais le secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin a dit que ses
interlocuteurs étaient seulement les évêques et que l'Association
internationale des Exorcistes "orchestrait une campagne contre le
rite", alors que celle-ci cherchait uniquement à apporter son
expérience, puisque les rédacteurs du nouveau rituel ne savent pas ce
qu'est un exorcisme et n'y ont même jamais assisté. Les exorcistes sont
tellement méprisés que les 150 meilleurs exorcistes venus du monde
entier pour assister à un congrès international présidé par Don Amorth,
n'ont même pas eu l'autorisation d'être reçus en audience par Jean-Paul
II, sur la place Saint Pierre, alors que n'importe qui y a accès.
"Cela fait voir, remarque Don Amorth, quels
obstacles trouvent les exorcistes à l'intérieur même de leur Eglise...
Nous avons un clergé et un épiscopat qui ne croient plus au diable, aux
exorcismes, aux maux extraordinaires que le diable peut provoquer ni non
plus au pouvoir que Jésus a donné de chasser les démons... Je pourrais
citer une quantité d'évêques et de cardinaux qui, à peine nommés dans
un diocèse ont retiré à tous les exorcistes la faculté
d'exercer."
Don Amorth se plaint aussi de la suppression de tout ce qui combattait
l'infestation ou la possession démoniaque : suppression des exorcismes
dans le nouveau rituel du baptême (c'est pourquoi les prêtres de la
Fraternité de Mgr Lefebvre les rajoutent pour ceux qui ont été
baptisés dans ce rituel moderne), suppression des bénédictions
contre les attaques du démon sur les personnes, les animaux ou les
récoltes, le spiritisme, l'avortement, le rock satanique, l'occultisme,
la magie, sans compter le nombre croissant de messes noires et de sectes
sataniques, y compris au Vatican. Le livre du groupe "Les
Millénaires" (surnom que se donnent des dignitaires de la Curie), Le
Vatican mis à nu, montre, en particulier, l'influence toute
puissante des prélats francs-maçons (voir aussi 30 giorni
du 11 novembre 1992). Et Malachi Martin, secrétaire du cardinal Béa,
dans The Key of this blood ("les clés de ce
sang", allusion à l'assassinat de Jean-Paul 1er, non traduit en
français) et dans Windswept House ("La maison balayée
par le vent", non traduit en français), affirmait que "le
prince des ténèbres" régnait au Vatican et qu'il existait "une
conspiration satanique à l'intérieur de l'Eglise catholique
romaine". Don Amorth remarque : "On nous a peut-être
exclus de l'audience du pape parce qu'on avait peur que tant d'exorcistes
réussissent à chasser les légions de démons qui se sont installés au
Vatican".
Comment s'étonner que le démon se déchaîne : massacres, famines
organisées, violences inouïes, viols (dont les viols collectifs des
"tournantes" en France), avortements, dictatures (dont celle que
prépare le mondialisme), mensonge permanent sur l'histoire des peuples,
en particulier de la France, et de l'Eglise.
Que faire ?
Nous avons heureusement des messes et des sacrements restés inchangés,
grâce surtout au combat de Mgr Lefebvre et des prières très
efficaces contre le démon : l'exorcisme de
Léon XIII et sa prière à saint Michel (après la messe basse
dans l'ancien rituel) tous deux dictés à la suite de la vision qu'il eut
en 1886 où il entendit Dieu accorder au démon un pouvoir sur l'Eglise et
une puissante prière dictée par la Sainte Vierge au Père Cestac le 13
janvier 1864 et indulgenciée par Saint Pie X, le 8 juillet 1908. De toute
façon, une âme en état de grâce, qui a donc la Trinité en elle, et
qui demande l'aide de la Sainte Vierge, de Saint Michel et de son ange
gardien, est plus puissante que tous les démons de l'enfer. C'est
pourquoi à la question de Stefano Maria Paci : "Il ne vous arrive
jamais d'avoir peur du démon ?", Don Amorth réplique : "Moi,
peur de cette bête ? C'est lui qui doit avoir peur de moi : moi
j'agis au nom du Seigneur du monde. Et lui, il n'est que le singe de
Dieu." Et il se recommande ainsi à la Sainte Vierge : "Enveloppe-moi
dans ton manteau et je serai en totale sécurité."
M.R.
(1) La traduction française des deux livres de Don Amorth a été
publiée par F.-X. de Guibert Un exorciste raconte, 1992,
246 p. et Nouveaux récits d'un exorciste, 1993 250 p.
(2) Prière à Notre-Dame du P. Cestac
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