L'exorcisme : jamais modifié
L'Eglise actuelle a tourné le dos à tout ce qui était l'Eglise
d'avant Vatican II : elle a supprimé la messe il y a trente ans : le
nouveau rituel a été proclamé à Rome le 3 avril 1969, reprenant, en
fait, celui de Taizé en 1959, lui-même copie au 16ème siècle, de
celui de Cranmer (voir mon article : "Les trente ans de la nouvelle
messe" où je montre sa protestantisation, p. 2 du
"Figaro" du 5/4/99). L'"Eglise conciliaire" a
également changé substantiellement la structure des sacrements et
remplacé le "hors de l'Eglise pas de salut" par l'oecuménisme et
la liberté religieuse : le salut est assuré à tous les hommes, de par
l'Incarnation du Christ, ce que ne cesse de répéter Jean-Paul II dès
sa première encyclique : "Par son Incarnation, le Fils de Dieu
s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" ("Redemptor
Hominis".)
Il n'y avait que l'exorcisme, dont le rituel datait de 1614, qui était
resté inchangé, à part d'infimes retouches en 1926 et 1952...
C'est chose faite depuis le 26 janvier 1990 !Le
nouveau rituel
Déjà le 4 juin 1990, la Congrégation du
Culte Divin envoya aux présidents des conférences épiscopales le
rituel "ad interim", rituel à expérimenter avant son
acceptation et sa promulgation en langue vernaculaire. Ce rituel, fait
par des liturgistes, avait été refusé par les exorcistes (en
particulier par Dom Amorth(1), exorciste
remarquable et très efficace de Rome) parce qu'ils souhaitaient garder
l'emploi du latin et que ce nouveau rituel n'est pas impératif, au
contraire de celui de 1614. Même l'étymologie du mot grec
"exorcisme" signifie l'ordre donné au démon puisqu'elle a
pour sens : adjurer, sommer, en faisant appel à la conscience, au
devoir. (Ainsi le grand-prêtre Caïphe dit à Notre-Seigneur : "Je
t'adjure (je t'exhorte) par le Dieu vivant de nous dire si tu es
le Christ, le Fils de Dieu") (Matth. VI, 63). Or, sous la
pression de Jean-Paul II, ce rituel de 1999 devient obligatoire, |
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mais
avec de légères modifications, de façon à le rendre plus acceptable,
mais ce n'est qu'une apparence : le latin, langue sacrée que le démon
a en horreur, a été supprimé au profit de la langue de l'exorciste ;
suppression ou du moins très forte diminution de l'eau bénite, des
saintes huiles et du sel exorcisé, ces trois sacramentaux qui faisaient
fuir le démon. Et élimination, la plupart du temps, de l'exorcisme
lui-même, ce qui ne peut que réjouir le Malin qui veut garder les
âmes et parfois les corps sous son empire.
Presque toujours l'exorciste renvoie le possédé au psychiatre ou au
psychologue. Lorsque la victime revient le voir, car les psy n'ont pas
pu le libérer, il pratique un pseudo exorcisme qui est surtout une
prière.
Après une bénédiction, le prêtre récite les litanies des saints
(où le curé d'Ars est invoqué), une lecture des psaumes, un passage
de l'Evangile, le Credo (on se croirait à la "liturgie de la
Parole", qui a pris une place prépondérante à la nouvelle messe
au détriment du Saint-Sacrifice de la Croix !) et enfin une prière
dite de supplication.
Ce n'est que dans de rares cas que l'exorciste ajoute des prières
imprécatoires, comme : "Je t'adjure, Satan, retire-toi de
cette créature que Dieu a créée à son image" ou bien : "Retire-toi
donc, Satan, par la foi et la prière de l'Eglise, par le signe de la
Sainte Croix." La
nécessité de l'exorcisme
Cette substitution de prières à un véritable exorcisme est très
grave car elle fait le jeu du démon. Il y avait déjà la suppression
des exorcismes au baptême, s'ajoutant à celle de la prière à saint
Michel à la fin des messes basses qu'avait fait mettre Léon XIII,
l'élimination de la grâce due par la substitution sur le diable et
l'enfer, à la prédication et dans ce qui tient lieu de catéchismes. Il
ne restait qu'un seul rempart contre le démon : l'exorcisme, et il est
maintenant détruit !
Or Léon XIII avait écrit en 1866, à la suite d'une vision, les
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exorcismes : le petit, qui peut être
dit par un laïc et ôte l'angoisse due à l'emprise du démon, et le grand, qui ne peut
être prononcé que par un prêtre exorciste délégué par l'évêque.
Ce pape avait, en effet, entendu une conversation où le Christ, à la
demande de Satan, lui permettait de prendre possession de l'Eglise
pendant un certain temps. Il y a bien un exorciste par diocèse
mais puisqu'il se contente d'accueillir et de prier pour l'infesté ou
le possédé (dans l'infestation, le démon agit de l'extérieur alors
qu'il habite intérieurement l'âme dans la possession, même si Dieu
laisse toujours libre la fine pointe de l'âme) il n'obtient pas de
résultat.
Aussi le malheureux possédé se tourne-t-il parfois vers les sorciers
qui accroissent encore davantage son mal. Il ne faut pas oublier non
plus que l'emprise du démon est croissante, surtout chez les jeunes, en
raison de leur immoralité, parfois inconsciente : ils ne savent pas que
le concubinage, l'homosexualité, l'avortement, le spiritisme, les
tables tournantes, l'initiation au démon dans les sectes, etc. sont un
mal.
Il faut que les prêtres continuent à dire l'ancien exorcisme car "le
monde entier est au pouvoir de démon" (1 Jn 5, 19) et que les
fidèles disent la prière que la Sainte Vierge a dictée, le 13 janvier
1864, au P. Cestac :
"Auguste Reine des Cieux, souveraine
maîtresse des Anges, vous qui avez reçu de Dieu le pouvoir et la
mission d'écraser la tête de Satan, nous vous le demandons humblement,
envoyez vos légions saintes, pour que, sous vos ordres, et par votre
puissance, elles poursuivent les démons, les combattent partout,
répriment leur audace et les refoulent dans l'abîme..."
(1) - "Un exorciste raconte" de Dom Amorth.
Lire aussi "Le Combat exorciste de
l'Eglise" de Denis Clabaine (*) Philosophe et
théologienne (ancien professeur de philosophie). Collaboratrice de
"Monde et Vie" et du "Figaro"
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